past life

Aux origines de tout...
L'eau. L'élément vitale par excellence dont aucune espèce ne peut réellement se passer. Même chez les buveurs de sang, l'eau est une composante de cette substance. Les sirènes sont issues de ce monde qui a donné la vie à cette terre. La vie est venue de l'océan. Elle y est née avant de croître et de se dispenser sur les terres emergées.
Comme tous ceux de son espèce, Thétis a vu le jour dans ce bain primaire. Née d'une sirène et d'un humain, un père mort pour qu'elle puisse être conçue, elle a vu le jour dans l'océan Atlantique. Ses premières années furent passées avec sa mère. Celle-ci lui apprit la vie aquatique, à chasser, suivre les courants, réaliser des armes en usant du matériel que fournissait la mer telle que les dents de Narval que l'on prend souvent pour une corne. Elle lui apprit en particulier à se méfier des humains. Ses êtres bipèdes qui envahissaient un milieu qui n'était pas le leur. Ils se croyaient supérieurs à tout et à tous, créant bateaux et armes pour maîtriser les mers et océans. Elle n'hésita pas à lui montrer comment les attirer et mettre fin à leur vie. Cependant, sa mère ne se risquait que périodiquement vers la surface. Une autre raison de ne pas porter un regard amen sur les humains qui devenaient plus violents et mieux outillés pour combattre toutes les créatures marines.
Mère et fille voyagèrent durant des années, sillonnant les mers et océans, changeant d'hémisphère suivant les saisons et les migrations de leur nourriture. Elle lui apprit à se méfier de certaines autres créatures marines comme les requins, orques, calamars géants, poulpes... La plupart des autres espèces étaient pacifiques ou trop effrayées pour chercher à se heurter à ses super prédatrices.
Sa mère la mena également sur terre pour lui montrer comment changer, apprivoiser la douleur de cette phase et lui expliquer comment se reproduire. Elle se tenait cependant loin des côtes habitées hormis pour se reproduire ou voler la jeunesse des êtres humains.
Elles vécurent seules, ne rencontrant pas d'autres représentants de leur espèce, preuve qu'elles étaient peu nombreuses désormais à arpenter les eaux. Thétis ne se sentait pourtant pas seule, prompt à jouer avec les poissons ou avec d'autres créatures qui toléraient sa présence, à explorer certaines épaves et à y découvrir des « trésors ». Loin de s'intéresser aux pièces et objets brillants, elle s'intéressait plus aux cartes et aux livres bien que l'eau ne les épargnait pas. Les lettres et chiffres qui pouvaient s'aligner ne lui parlaient pas. Mais elle aimait bien cet aspect des humains, leur capacité à noter des informations et à dessiner des cartes pour se repérer.
A l'âge de quinze ans, sa mère estima lui avoir tout appris et la laisser alors nager seule. La fille ne prit pas mal se départ. C'était une normalité dans son existence. L'apprentissage fait, elle devait désormais nager seule et apprendre par elle même.

L'âge de raison...
Les années qui ont suivi, Thétis explora les eaux. Même si elle les avait déjà parcouru avec sa mère, elle était bien loin d'en avoir tout vu. Sachant se défendre, elle se risquait dans des zones plus dangereuses, parfois aussi plus froides ou plus chaudes, elle se rapprochait aussi plus de la surface, se méfiant cependant toujours autant de l'espèce humaine qu'elle évitait autant que possible. Au fil du temps, elle vit cependant les hommes prendre de plus en plus confiance en eux. La pollution se développant à toute vitesse, réduisant les stocks de nourriture dans certaines zones.
Dans le même temps, la solitude pesait à la jeune femme. Même si elle était une super prédatrice, les autres de son espèce lui manquaient. Elle aurait voulu en croiser, les voir mais la chose restait compliquée. Par nature, les sirènes et les tritons ont tendance à s'éviter. Les querelles viennent vite, le besoin de montrer leur force et leur supériorité entraînaient souvent des combats mortels comme deux grands blancs se retrouvant sur le même territoire.
Thétis croisa quelques représentants de son espèce mais chacun restait sur ses gardes. Mangé ou être mangé, telle était la règle. Non que les sirènes soient cannibales, pas du tout. C'était une simple métaphore. Cette solitude imposée, presque indispensable à la survie de l'espèce, lui pesait lourdement au fil des ans.
Quand elle atteint la pleine maturité de ses cinquante ans, elle entama le cycle que toute sirène se devait d'emprunter. L'instinct se développa pour qu'elle puisse conserver sa jeunesse ou se reproduire. Thétis n'optait que pour la jeunesse. Eprouvait-elle des remords pour les morts causées ? Non, absolument aucun. Les humains étaient des monstres bien pire qu'elle et elle ne voyait pas le besoin d'avoir de la compassion pour eux. Elle ne tenta jamais d'avoir un enfant. Sa mère avait parfois tenté un accouplement fécondant mais ce fut des échecs et la jeune sirène ne pensait pas être prête à élever un enfant alors qu'elle même poursuivait son apprentissage.

De la découverte des humains à celles des autres espèces...
Les humains pulualient à un rythme effrayant. Là où son espèce peinait à se reproduire et survivre, les bipèdes semblaient pousser comme des champignons. Les bords de mer étaient envahis, la moindre île semblait sous leur emprise. Mais là où elle aurait dû les éviter, la sirène décida plutôt de les affronter. Sa mère avait passé des années à lui apprendre les océans afin de mieux y vivre et se défendre. Pour combattre un ennemi, il fallait le connaître et bien que cela lui répugnait, elle décida d'essayer d'en apprendre plus sur eux. D'abord de loin, espionnant depuis la mer avant de se rendre sur terre. Toujours des petites villes isolées, sans beaucoup de monde. Thétis fut perdue au départ. Tous ce que les humains faisaient semblait abherrant : vêtements, habitations, comportement, travail, langue... Tout cela la décontenançait mais elle déstabilisait encore plus les humains quand il voyait une jeune femme se promener parfaitement nue et sans la moindre pudeur. Rapidement, elle compris qu'elle devait revêtir les choses que les humains appelaient vêtements. Elle apprit aussi leur langue en les écoutant. Sa mémoire était excellente et supérieur à celle d'un humain. Elle retenait bien les langues orales mais ne se penchaient pas vraiment sur l'écrit.
Elle découvrit aussi ce que les humains appelaient technologie. Une chose étrange. L'homme se confiait à des morceaux de métal pour se faciliter la vie. Une grande aberration pour celle qui vivait au naturel en permanence.
Cet apprentissage la rendait aussi plus dangereuse. Elle savait communiquer, influencer, user davantage de ses pouvoirs pour perdre les humains. C'est dans ce contexte bien particulier qu'elle découvrit l'existence d'autres prédateurs. Un soir, elle tomba sur un humain aux prises avec un vampire. Bien sûr, elle n'avait aucune idée de ce que c'était que cette chose qui semblait se gorger de sang comme certaines espèces de parasite. Continuant ses investigations, elle en apprit un peu plus tout comme sur les autres espèces existants en ce monde comme les loups ou les métamorphes. Elle ne cherchait que peu le contact avec eux mais elle les respectait. Ils vivaient parmi les humains mais n'en étaient pas ou plus. Comme elle, ils étaient des prédateurs. Ils avaient leur monde, elle le sien. Aucun d'eux ne semblaient vouloir empiéter sur son domaine alors tout allait pour le mieux.

Black Waters et un nouvel espoir...
Durant ses pérégrinations terrestres, elle apprit la présence d'une ville côtière qui semblait concentrer en son sein de nombreuses créatures. Les humains ne semblaient pas y être majoritaire ou pas autant qu'ils le croyaient. Un lieu qui pourrait être intéressant à connaître. Au fil du temps, Thétis avait vu comment les autres espèces s'organisaient, meute, essaim... Une chose était certaine, si elle voulait que son espèce perdure, elle devait aller à l'encontre de sa nature même. L'union faisait la force. Elle devait réunir d'autres comme elles, créer une communauté, une meute d'une certaine façon afin de pouvoir survivre. Sa solitude pourrait alors aussi s'estomper. Cela ne se ferait pas sans mal mais la sirène espérait bien parvenir à ses fins. L'homme était le parasite de ce monde et il fallait pouvoir s'opposer à lui d'une façon ou d'une autre. Dans cette ville d'Irlande qui regroupait tant d'espèces, elle pourrait peut-être aussi trouver d'autres de son espèce. C'est avec un certain espoir que la jeune femme est venue dans cette nouvelle ville dont elle ignore encore tout.