past life

Le digne héritier
Les années 1500. 1520 pour être exact. Année de naissance d’Henri Clifford, connu de nos jours sous le nom de Callum Peterson. Les Clifford, famille respectée dans l’aristocratie anglaise, n’ont eu qu’un seul fils suivi d’une petite fille 4 ans plus tard, faisant ainsi de lui l’unique héritier masculin. Il a vécu toute son enfance avec un rideau d’or devant les yeux, à passer la majeure partie de son temps dans le domaine familial. Il ne quittait que très peu les terres des Clifford, puisque de toute façon ils avaient tout à porter de main. Sa mère se consacrait à son éducation, son père s’occupait de ramener l’argent. Les différents professeurs se rendaient à domicile. Les seules fois où il se rendait en ville, c’était pour accompagner sa mère faire quelques courses sur le marché, ou pour aller voir de la famille. Il a eu une éducation très stricte, notamment par son père, mais en dehors de ça il avait tout de même une relative indépendance. Il passait la majeure partie de son temps libre avec les rares personnes dans sa tranche d’âge à portée de main, à savoir les enfants des domestiques. Si son père avait un quelconque mépris des classes ancré dans son ADN, Callum avait l’innocence d’un enfant et ne jugeait autrui. Il connut à cette période ses premiers papillon dans le ventre, avec Irina, l’une des filles de domestique. Il ne pourrait l’exprimer, mais c’était bel et bien concret, un sentiment qu’il n’avait jamais éprouvé auparavant. Il y croyait dur comme fer, mais la réalité le frappa de plein visage lorsque son père, au détour d’un repas familial, annonçait les fiançailles très prochaines de Callum. Un des partenaires d’affaire de son père avait une fille dans sa tranche d’âge, et pour la bonne descendance Callum n’avait pas vraiment le choix que d’épouser une noble, et non une vulgaire fille des rues. Mariage qui ne fut que très court au final, puisqu’il ne dura qu’une brève année avant le décès de sa femme, d’une déficience cardiaque. Callum en fut légèrement attristé, il est vrai, car après un an de vie commune, certaines affinités s’étaient créées, mais la perte de sa femme le conforta dans le fait qu’il n’avait jamais été amoureux d’elle. Son père quant à lui, il se confortait dans l’idée qu’il avait fait le bon choix, puisqu’à travers ce mariage il gardait une certaine forme de pouvoir et d’ascendance sociale. Veuf à 19 ans, Callum se laisse porter par les envies les plus dérisoires, à travers la peinture, la littérature, la chair féminine. Il est dans une période très déstabilisante pour lui. Il se sent comme piégé, sous l’autorité d’un père avec qui les liens ne tiennent plus, en ayant perdu de vue celle qu’il considérait comme la potentielle femme de sa vie – son père avait pris soin de renvoyer le domestique en question peu avant le mariage – et surtout en étant veuf et condamné à hériter de sa famille.

Il est vite approché par une jeune femme aussi mystérieuse que captivante. Forte amatrice d’arts également, elle s’est pointée un jour au domaine Clifford en offrant une pièce inestimable à Callum, en gage d’amitié. Le jeune homme lui offre le gite, et pour une raison encore inconnue aujourd’hui, elle n’est plus jamais partie. Elle s’est greffée à la famille du jour au lendemain, partageant son gout de l’art sous toutes ses formes à Callum. Relation très ambigüe entre les deux, la jeune femme se réveille souvent dans le lit du jeune homme sans qu’ils n’en discutent après coup. Son père voit cette inconnue d’un mauvais œil, mais lassé de l’autorité de son géniteur, Callum pointe le fait qu’il est l’héritier de la famille, et que les choix lui appartiennent désormais. Sa nouvelle fréquentation révèle cependant très vite son vrai visage. Elle n’était plus vraiment vivante, pas vraiment morte. A la frontière des deux mondes. D’abord incrédule, puis terrifié, la fascination prend très vite le dessus. Il se sent en sécurité, après tout, puisqu’en deux longues années sa vie n’a jamais été mise en danger. Il vit à cette période sa première morsure, sous une certaine forme d’accord. D’abord la douleur, puis le shot de dopamine qui vient envahir ses sens. Il lui fait une confiance aveugle, et ce nouvel élément vient se rajouter à leur relation si singulière.


Libéré de ses chaines
Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle lui offre l’opportunité de devenir une créature de l’ombre à son tour. Réticent dans un premier temps, il réalise au final que ce qu’elle lui offre, c’est une éternité de liberté, contre l’héritage de sa famille et les chaines invisibles dessinées par son père. C’est dans le domaine familiale même que sa renaissance se fera après avoir congédié tous les domestiques, d’abord vidé de son sang, avant de gouter celui de sa créatrice. S’en suivra une période qui restera gravée dans sa mémoire, période de souffrance atroce, qu’il n’aurait surement pas réussi à traverser sans le soutien de sa créatrice. La période de transition terminée, ils ont pris le large, délaissant le domaine familial derrière eux sans même dire un mot à son père, et une simple lettre d’adieu à sa mère et sa soeur.

Libéré des chaines qui l’emprisonnaient sous l’identité d’Henri Clifford, le premier arrêt de Callum fut de se rendre chez son premier amour, Irina. Après s’être renseigné à droite et à gauche, il avait obtenu l’adresse de la jeune femme. La désillusion fut très forte, cette dernière s’étant remariée. En arrivant à l’adresse récoltée, il la trouva étendue sur le sol, le visage balafré, le souffle court. Malgré la confusion, il comprit très vite que c’était l’œuvre de son mari, puis il l’accompagna dans ses derniers instants, jusqu’à son dernier souffle. Ce fut la première fois que Callum fut pris d’une rage folle, laissant la bête en lui prendre le dessus. Il s’est mit à retourner la ville entière, coinçant le coupable dans une ruelle. Il s’assura que la vengeance d’Irina soit délivrée en bonne et due forme avant de quitter définitivement la région avec sa créatrice. Ne voulant plus entendre parler de l’Angleterre, et sous les conseils de sa créatrice, ils prirent le premier bateau pour la France, un lieu inévitable pour tout amateur d’art. Ce fut également dans ce premier pays qu’il revêtit officiellement Callum Peterson pour la première fois, dans l’optique d’effacer ses traces. Une vie relativement nomade commençait à s’installer, pour le bien de leur couverture. Ils changeaient de villes au bout de quelques années à chaque fois, vivant aux quatre coins de la France, puis de l’Italie avant de débarquer sur le continent américain dans les années 1800. Un dépaysement complet en comparaison avec les précédents pays, mais Callum s’y plaisait énormément. C’était frais, c’était nouveau, et il avait vraiment l’impression d’être libre de toutes contraintes. Jugeant qu’il avait passé le stade de jeune vampire, il fit part de son souhait à sa créatrice de voler de ses propres ailes, chose qu’elle acceptait assez vite. Ils avaient toujours ce lien très fort, et étaient persuadés qu’ils se recroiseraient un jour ou l’autre, de toute façon. Il a alors entamé une longue traversé des Etats-Unis, se laissant porter par le vent, par la débauche et par l’art. Chaque expérience éveillant tout ses sens. Mais comme tout immortel, les choses finissent par nous lasser, inéluctablement. Une fois la folie américaine passée, il retourna vers l’autre côté du globe et fit une brève halte en France, fin des années 1990 pour constater tous les changements, puis fit un bout de sa vie en Belgique.

Après quelques années cependant, Callum est en quête de savoir, de connaissance, de ses origines. Il a croisé plusieurs créatures à travers ses périples, et notamment des vampires tout comme lui, mais il ne sait pas grand-chose de plus que les quelques brides de savoir transmises par sa créatrice. Le bruit d’un tremblement inquiétant, et d’une concentration de créatures arrivent à ses oreilles à travers la communauté de la nuit, à Black Waters. A nouveau lassé de son quotidien en Belgique, il prend la décision de changer de décor à nouveau, et se met en route vers une nouvelle contrée.