past life

Né à Dublin en 1980, d'un père natif de l'île et d'une mère espagnole, Samuel Lowe est l'enfant unique d'un couple qui n'a jamais vraiment eu envie d'avoir un gosse. Sans être mal aimé, il est évident qu'il n'était pas désiré, et ce malgré les efforts de ses parents après sa naissance. Leurs tentatives pour l'aimer, le chérir, en faire d'eux leur modèle de vie, échouèrent toutes, et ce fut avec un soulagement plus qu'évident qu'ils le confièrent à une Académie à ses cinq ans. Le petit Sam, comme on l'appelait, était désormais orphelin.

A noter que sa mère est morte d'un cancer trois ans plus tard, et son père se tue dans un accident d'alchimie une dizaine d'années après.

Le garçon s'adapta assez bien à ses premières années d'études. Entouré de camarades, garçons et filles, qui l'appréciaient et qu'il appréciait tout autant, il s'avéra être curieux, discipliné, travailleur, et il tâchait de toujours en faire plus pour montrer qu'il avait bien compris les leçons enseignées. Certains allèrent jusqu'à dire qu'il était presque un lèche-bottes, qu'il se faisait bien voir de ses précepteurs pour pouvoir dire qu'il était meilleur que les autres. Alors qu'en fait, que nenni ! Il savait juste qu'en travaillent, il aurait une plus grande part de nourriture à la cantine.

Et il avait vraiment une plus grosse part à la cantine.

Notre héros en devenir était donc, jusqu'à ses seize ans, une sorte d'élève modèle. Il n'était pas excellent, mais il était assez habile dans la plupart des domaines enseignés pour prétendre être un futur sorcier prometteur. Il savait se montrer également aidant avec ses camarades : il allait voir, de lui-même, ceux en difficulté, et tâchait de leur faire surmonter leurs problèmes. De même, lorsqu'il avait terminé ses propres devoirs, il cherchait, de sa propre initiative, à découvrir d'autres choses. Peut-être est-ce à cette époque qu'il se passionna pour l'Histoire et les sociétés, en feuilletant, ouvrage après ouvrage, le passé, si riche en enseignement. Il en vint à vouloir savoir beaucoup de choses sur ce qu'il se passait jadis, sur comment on pratiquait la magie, sur les relations avec les mortels et les autres créatures.

Car oui, forcément, il était aussi curieux de tout ça.

L'élève devenu explorateur
A partir de ses seize ans, Samuel Lowe devint un sorcier accompli, même s'il attendit et se prépara longuement avant de parcourir le monde. Il s'entraîna encore, étudia toujours plus, et chercha des traces de ce qu'il voulait aller voir de par le vaste monde. A vingt-deux ans, il quitta ce lieu qui fut sa maison pendant si longtemps, et se mit à voyager à travers toute l'Europe, puis l'Asie, l'Afrique et l'Amérique.

Et que de rencontres, que de découvertes !

Aujourd'hui, tous savent où il est allé. Ses exploits sont légendaires, les récits de son parcours incroyable ne cesse d'être loué par les élèves et ceux qui l'admirent ! Qui n'a jamais entendu parler de son duel épique contre un vampire, au sommet du Kilimandjaro ? Qui n'a jamais écouté le récit terrifiant de sa rencontre avec une araignée géante, au Brésil ? Nul novice ne peut prétendre ignorer ses actes d'héroïsme en Italie, où il parvint à survivre à une attaque de ninjas mafieux, en étant fortement alcoolisé ! L'un des sorciers les plus puissants de son époque, un érudit mondialement reconnu, un digne héritier de Merlin lui-même. Tout le monde sait ça.

Sauf que...

Sauf que non. Certes, Samuel a bien voyagé partout où il dit être allé, et certes, il a appris, fait et découvert énormément de choses. Mais la plupart de ses succès, la quasi-totalité de ses actions, sont fortement enjolivés. Comme personne ne peut correctement vérifié, car tout n'est relaté que dans son journal personnel, et que les témoins ne sont pas connus, quasiment tout le monde boit ses paroles. Quand il revint de ses voyages, fier et mûri (ok, ça, ça se discute), les sorciers crurent sa vision des faits. Après tout, n'était-il pas un élève jadis promis à un brillant avenir ? A trente-cinq ans, il était assez vieux pour prétendre au professorat.

L'explorateur devenu professeur
Il alla s'installa à Black Waters, pour plusieurs raisons. La première, c'était le désir de trouver un lieu qu'il ne connaissait pas où s'installer, où il pourrait vivre sans qu'on ne vienne le déranger et où il pourrait se mêler au monde facilement. La deuxième, c'était ce mélange surnaturel, cette énergie cosmique qui attirait tout et tout le monde là-bas. Et la troisième et dernière raison, il s'agissait du lieu de naissance de son père.

Très vite, Samuel se plut à vivre ici. Résidant dans une magnifique maison aisée dans le sud de la ville, en bordure d'eau, il l'aménagea de sorte à pouvoir y recevoir facilement, pouvoir y vivre décemment, pour pouvoir y travailler consciencieusement quand il le pouvait, et aussi pour paraître simplement aisé. Il aimait ce côté vaniteux, ostentatoire, et se mêler à la population humaine ne le dérangeait pas. Au cours de ses voyages, il avait appris, et nombre de ses préjugés reçus durant l'enfance volèrent en éclats. Fermement convaincu que la cohabitation pacifique était possible, il n'hésite pas à socialiser avec les humains et les autres quand il le peut.

Mais son amour de l'Histoire fait de lui un excellent professeur. Là-dessus, son talent n'est pas usurpé : c'est un érudit, aussi bien en magie qu'autrement, et il fait l'unanimité parmi ses élèves. Il parle bien, vite, il expose les faits, et sait récompenser le travail bien fait tout comme punir la flemmardise et la tricherie. De nombreuses rumeurs lui prêtent des tentatives de séduction de certaines préceptrices, ainsi que de sorcières à travers la communauté locale - pour ne pas dire même les élèves ! - mais il se contente alors d'arborer un sourire charmant, étincelant.

Un homme génial, non ?

Pas vraiment. Il aime se vanter, et même si sa vie continue, qu'il est heureux de ce qu'il fait, il n'est pas capable de se stabiliser. Il veut la cohabitation avec les autres, mais se montre souvent arrogant et hautain avec les humains, qui n'ont eux aucun pouvoir. Il aime bien user discrètement de magie, de façon espiègle, pour faire des farces. Et s'il y a une chose qui n'a pas changé, malgré ses responsabilité de précepteur, c'est son unique, inconditionnel, horrible et brillante façon de sourire.

Après tout, cet homme a déjà posé pour des magazines sorciers, des calendriers, des publicités en tout genre, et il a été élu sourire le plus dévastateur d'Irlande.